Accueil » Le ciel dans tous ses états » 2019 » Tornade(s) et orages sur l'Hérault - 6/7 avril 2019
Cette année débute dans un calme des plus absolus, un négatif de l'année 2018 qui fut bien exceptionnelle il faut le dire. Néanmoins, nous avons toujours droit à un petit orage durant la saison hivernale ainsi qu'un petit saupoudrage neigeux sur Montpellier et sa région, à minima. Rien de tout cela cette année, du vent, une ou deux dégradations pluvieuses, de la douceur et un paquet de nuages lenticulaires au programme. La situation s'est débloquée le 7 mars avec un premier orage, nocturne, durant l'évacuation d'une perturbation dans le Gard. En pleine nuit, en semaine, ce n'était pas une situation rêvée mais c'était quand même plaisant de revoir l'orage. Ce fut hélas une goutte d'eau puisque la situation allait de nouveau s'éteindre pour un mois supplémentaire !
Nous voila donc au mois d'avril. Le mois débute avec une coulée froide offrant des sensations bien désagréables. Par chance, cette situation va tourner favorablement et le week-end du 6/7 avril s'annonce instable. Bien fatigué par la semaine de boulot, manquant de sommeil et sachant que les orages pourraient arriver sur l'ouest de l'Hérault en milieu/fin de nuit de vendredi à samedi, je me couche "avec les poules". Après de multiples réveils, constatant que rien ne se passe et me rendormant, je me lève finalement vers 4h45 pour anticiper... mais finalement, hormis un orage qui évoluera dans le bittérois (responsable d'une tornade sur Valras, Sérignan et Sauvian, voir le rapport de Keraunos), rien d'autre n'est en vue. Vers 10h30 je décide d'aller voir sur le littoral les quelques averses sur la mer. Outre la foudre, le risque de phénomène tourbillonnaire est bien présent durant cette dégradation donc à défaut d'éclairs, on peut miser sur cette petite chance. Il est 11h, le ciel ne fait pas trop rêver :
Je ne me souviens plus si je suis rentré manger ou non entre temps, toujours est-il que vers 16h me voila dans les plaines pour observer une nouvelle ligne présente sur l'est héraultais ainsi que la Camargue. Toujours pas d'orages en vue, je mise donc sur une vue dégagée pour observer toutes ces bases et tenter d'y déceler un petit tuba. Les cellules finissent par me passer dessus avec de la petite grêle au passage. J'apprendrais pas longtemps après qu'une trombe a été vu du côté du Grau-du-Roi, il est vrai que par moment j'ai cru voir un cône sous les bases dans cette direction mais difficile d'en être certain, c'était loin avec la pluie ici et une luminosité pas des meilleurs pour bien voir cela. Des collègues me rejoignent, on refait le monde sur cette situation où les tourbillons nous échappent et ne veulent pas se dévoiler devant nous au bon moment. La convection s'évacue sur le Gard :
La vigilance jaune orages de Météo France est prolongée pour toute la nuit à venir, voila qui nous donne quand même le sourire. Au loin vers la mer, de nouvelles convections se dévoilent avec une base bien lisse. On observe ça. Puis, par moments, on croit distinguer des petites excroissances sous cette base. La base se rapproche, l'excroissance se fait insistante, mmm.... je zoom dessus :
Au radar un écho pluvieux commence à apparaître. Je décide alors de filmer en direction de la base au téléobjectif, dans le doute on sait jamais... et grand bien m'en a pris ! Les minutes passent et cette excroissance continue d'évoluer, jusqu'à former un vrai tuba. L'excitation monte, on en revient pas... c'est bel et bien en train de se produire sous nos yeux !
Une tornade se forme sous nos yeux ! <3 Puis quand la condensation commence à se faire sur toute la colonne, l'instant de quelques secondes, c'est l'extase, on a définitivement à faire à une tornade face à nous, à environ 6/8km de notre position. Les contacts avec le sol resteront très furtifs, du moins vu de notre position, avec seulement quelques instants où l'on peut voir une condensation tournoyer au niveau du sol alors que la tornade ne ressemble qu'à un gros tuba. Le rideau compact finit par nous atteindre, formé de grêle, masquant petit à petit la tornade dont la base s'élargie. Quelques minutes plus tard, le calme retrouvé et moyennant une petite couche sympathique de grêlons, nous pouvons ressortir et revoir ce qu'il se passe... et elle est toujours la ! Elle finira par se résorber en nous offrant une jolie danse et quelques ultimes tentatives de condensation jusqu'au sol. Voir l'enquête de terrain de Keraunos.
Voila... après avoir raté des choses (je pense notamment à notre compère Fabien), après avoir refait le monde (des orages), dame nature nous a fait un joli pied de nez en nous offrant sur un plateau ce que nous rêvions de voir ! Partager l'expérience fut également une bonne part du plaisir, c'est d'ailleurs grâce au fait que nous étions ensemble que nous avons eu la patience de poiroter sur le point de vue si longtemps (je suis arrivé vers 16h, la tornade a débuté vers 19h20 pour environ 15 minutes de vie), sans ça nous aurions rajouté à la liste de rage orageuse cette énorme note ! Comme j'avais lancé une vidéo au départ, tout (ou presque) a été filmé... en voici le montage en timelapse et séquences en temps réel :
Après l'évacuation de la cellule, le ciel retrouve un semblant de calme. On va alors en profiter pour rentrer et se réserver pour la nuit qui s'annonce potentiellement courte. À peine le temps de manger.... qu'il faut déjà repartir ! En effet, en arrivant chez moi j'avais déjà constaté que le ciel s'était rapidement rechargé. Le temps de finir la pizza, les premiers éclairs illuminent le ciel du nord-est montpelliérain ! Aaaaah... la foudre tant recherchée, la voila quand je ne suis plus sur le terrain, c'est donc la course ! On se retrouve à nouveau sur le terrain, il est environ 22h. Une ligne orageuse se met en place du nord montpelliérain jusqu'aux reliefs. L'ambiance est sympathique mais les bases nuageuses sont basses, la foudre parait donc assez petite comme en automne :
On va ensuite se quitter, je n'ai pas le courage (fatigue) de me rapprocher de ce déluge orageux, je vais tenter de chez moi. Et effectivement, l'activité électrique continue de plus belle. Cette ligne orageuse qui s'est lentement décalée d'est en ouest entre Pic Saint-Loup et Saint-Baudille, adopte maintenant le comportement inverse en se propageant à nouveau très lentement vers l'est. On comprend le rendez-vous épique de nos collègues du côté de St-Gély-du-Fesc avec des conditions hivernales, la grêle s'en donne à coeur joie (0°c au thermo voiture !). Et la foudre, donc (il est presque 1h) :
Il est près de 2h du mat', les orages se décalent sur l'extrême est du département, ça semble s'affaiblir... allez, au dodo, je suis debout depuis 22h après une semaine peu reposante. Mais... mais les modèles envisageaient une nouvelle offensive orageuse sur la plaine littorale dès le début de matinée, la nuit risquait donc d'être encore bien courte. Quatre heures du mat', petit réveil, je vois le radar, je vois le message de Fabien... nooooon ! C'est reparti de plus belle avec de nouveau un orage quasi stationnaire, du côté de la Grande-Motte maintenant. Je mets bien 20min avant de me lever, trop fatigué. Mais un coup d'oeil au balcon va quand même me motiver : des flashs immenses dévoilent ce qui semble être une colonne orageuse particulièrement élevée, le genre d'orages qu'on retrouve en automne ici. J'adore cette ambiance, c'est hypnotisant ! Par contre, je me retrouve face au panache de cet orage qui s'alimente par la mer, ce n'est donc pas l'idéal en terme d'esthétisme pur, la colonne m'est essentiellement cachée. Je vois malgré tout parfaitement les énormes éclairs internuageux qui jaillissent littéralement et frénétiquement du coeur de l'orage. La crasse marine n'est jamais très loin et vient de plus en plus gêner la vue. Je me motive donc, direction la plage. Et celle de Palavas car le panache pluvieux lèche la bordure littorale au niveau de Carnon. Seul au bord de mer, sans voiture à proximité immédiate, je n'en mène pas large face à ce monstre électrique qui se trouve tout proche. Je rêve d'un impact extranuageux, c'est typiquement le genre d'orages qui en lâchent, mais en même temps je suis aux premières loges pour me le prendre... do NOT want xD Heureusement pour moi la foudre se fait rare et tombe assez loin sous la base, exclusivement des positifs qui font vibrer la plage :
Le jour se lève petit à petit, Quentin me rejoint. L'orage se propage à l'ouest tout en se décalant légèrement en mer, cela va former une ligne orageuse au large de l'Hérault s'éloignant lentement. L'activité électrique continue de rester essentiellement intra/internuageuse, 2/3 impacts sympas pour finir. Vers 7h30, durant 2min environ on croit voir un tuba au large : difficile d'en être certain car il est accompagné de fractus, mais la forme est équivoque... mystère ! La ligne finit par s'éloigner, il est temps de rentrer et dormir enfin ! Réveil en début d'après-midi où un dernier risque orageux se dessine. On retournera naviguer entre plaines intérieures et littoral mais le résultat sera "flopesque", j'ai envie de dire, bien plus à l'image de ce que l'on a classiquement en avril avec les premiers orages. À l'horizon, les reliefs nous rappellent qu'il fait/a fait froid ces derniers jours : les Cévennes sont bien platrées :
Ainsi s'achève ce week-end hallucinant. Nous serons passés par toutes les émotions, de l'espoir à la frustration, puis l'extase, la fatigue, la satisfaction. Une fin de journée et nuit dantesque sur l'Hérault où seule la température nous a rappelé que nous n'étions que début avril (qu'est-ce qu'on s'est gelé !). Pouvoir observer une tornade du début à la fin, à une distance raisonnable, est un privilège et c'est la récompense après des années et des années de traques sans relache. Merci à dame nature de nous offrir ces moments d'émerveillement !
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Dernière mise à jour de la page : 12 juin 2019
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